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La culture du viol au ban de la société : Ma tribune au JDD
Parue dans le JDD le 27 septembre 2024;
Procès de Mazan : « La culture du viol au ban de la société » (lejdd.fr)
Septembre 2024, la France découvre avec effroi l’histoire de Gisèle Pelicot, femme courageuse et digne, victime de plus de 70 violeurs, dont 51 sont actuellement jugés. L’initiative machiavélique d’un indigne, son mari, ou ce qu’il en reste. Au-delà des faits terrifiants, c’est un visage de dignité, de résilience et de justice qui émerge. Accompagnée de sa fille, de ses belles-filles et de ses garçons, Gisèle Pelicot a fait le choix de briser le silence, de rendre ce procès public, pour que sa voix, et celles de toutes les victimes, ne soient jamais oubliées. Pour que les crimes subis ne soient jamais effacés de la mémoire collective au moment où la culture du viol s’invite au ban de notre société.
Ce procès ne se réduit pas à un fait divers, il est le symbole d’un mal plus profond : celui des violences systémiques faites aux femmes, particulièrement au sein du foyer. En 1978 déjà, au procès d’Aix, Gisèle Halimi affirmait : « Ce n'est pas un procès de viol, l'enjeu n'est pas une condamnation ou un acquittement : l'enjeu, c'est de changer fondamentalement les rapports entre les hommes et les femmes. »
« Où sont les Hommes ? »
Près de cinquante ans plus tard, le constat demeure : les violences perdurent et la société tarde à réagir avec l’urgence nécessaire.
Depuis plus de deux semaines, ce « procès portes ouvertes » emporte avec lui des torrents de boue : dans les actes et dans les mots, dans les photos et les vidéos. C’est tout La Bruyère qui suinte : « Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose. Ils sont piquants et amers ; leur style est mêlé de fiel et d'absinthe : la raillerie, l'injure, l'insulte leur découlent des lèvres comme leur salive » (Les Caractères 1696).
Les violences faites aux femmes sont au cœur du débat public, alimentées par les tribunes, les articles de presse, et les interventions des associations féministes. Pourtant, ce qui choque encore, c’est le silence des hommes. Où sommes-nous dans ce débat crucial ? « Où sont les hommes ? » hurlerait Patrick Juvet. Triste réalité. Trop peu ont eu le courage de s’exprimer et de reconnaître l’urgence d’une prise de conscience collective et sans exclusive. Trop peu d’hommes, responsables politiques, figures médiatiques, culturelles, économiques et encore sportives, ont pris la parole.
Nous avons encore un long chemin pour prendre conscience des atrocités subies par les femmes, comme celles de Gisèle Pelicot. Je le regrette. Si le mouvement #MeToo a incontestablement libéré la parole des femmes, cela ne suffit pas. Les fondements mêmes de notre société restent inchangés, et les violences continuent. Ce problème n’est pas un épiphénomène, mais une réalité systémique qui exige des réponses fortes et un changement profond des mentalités, notamment sur la question du consentement et de la sexualité. Il est inadmissible de laisser les femmes subir des violences tout au long de leur vie, sans que l’État et la société ne leur apportent une protection digne de ce nom.
Certes, depuis 2017, ce sujet est pris en compte au plus haut sommet de l’Etat. Une grande cause nationale a permis d’augmenter le budget de l’État alloué à la lutte contre ces violences de 50 millions d’euros. Plusieurs cadres législatifs ont été renforcés pour lutter contre le sexisme et les violences. En 2021, de nouvelles mesures ont été mises en place : téléphones d’urgence, bracelets antirapprochement, fichier des auteurs de violences conjugales, délais de prescription rallongés, nouveaux délits et nouvelles peines, entre autres.
Puisse la dissolution nous renvoyer à la réalité du pays…
Mais reconnaissons-le, ouvrons les yeux, écoutons en stéréo, posons le diagnostic : malgré ces efforts, les violences persistent… et le mutisme indicible fait loi. Chaque année, 150 femmes meurent sous les coups de leur conjoint. En 2023, 114 000 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées. Une femme sur six (de 18 à 74 ans) déclare avoir subi, depuis l’âge de 15 ans, des violences sexuelles de la part d’un non-partenaire.
Seules 2 % des personnes de 18 à 74 ans victimes de violences sexuelles hors cadre familial portent plainte. Ces chiffres, effrayants, montrent bien que les réponses apportées jusqu’à présent sont insuffisantes. Combien de femmes sont encore harcelées ou agressées quotidiennement dans les transports, dans la rue, dans les bars, même chez elles, victimes d’agressions répétées ?
En tant qu’homme et en tant que député, je refuse le mutisme et l’inaction. Ce combat ne doit pas être partisan. Il n’y a ni droite ni gauche pour protéger nos concitoyennes. Il n’y a ni majorité ni opposition pour que plus aucune femme ne revive ce que Gisèle Pelicot a enduré. Et surtout, ce combat ne saurait être genré! Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à reprendre ses travaux, il est temps d’agir.
De manière trans-partisane, avançons ensemble. Des propositions de loi, comme celles de notre collègue sénatrice Mélanie Vogel (Ecologiste) sur le consentement, sont déjà sur la table. Débattons-en. Des travaux étaient préparés par notre collègue Véronique Riotton (Ensemble) avant les dernières législatives. Poursuivons-les. Avec force, entêtement et détermination.
Puisse la dissolution nous apporter un sursaut de lucidité et nous renvoyer à la réalité du pays. Dans ce domaine comme tant d’autres. Il y a urgence. C’est une question d’humanité !
Les co-signataires :
1. Karl Olive, député des Yvelines, Président de Génération Terrain, Ensemble pour la République
2. Sandrine Josso, Députée de Loire Atlantique, Modem, marraine de l'association "m'endors pas"
3. Nathalie Colin-Oesterlé, députée de la Moselle, Horizons
4. Laurent Croizier, député du Doubs, Modem
5. Virginie Duby-Muller, députée de la Haute-Savoie, Droite Républicaine
6. Jean-Marc Fiévet, député des Deux-Sèvres, Ensemble pour la République
7. Cyrille Isaac-Sibille, député du Rhône, Modem
8. Laurent Mazaury, député des Yvelines, LIOT
9. Jérémie Patrier-Leitus, député du Calvados, Horizons
10. Maud Petit, députée du Val-de-Marne, Modem
11. Isabelle Rauch, députée de Moselle, Horizons
12. Nicolas Ray, député de l’Allier, Droite Républicaine
13. Claudia Rouaux, députée d'Ille-et-Vilaine, Socialistes
14. Annie Vidal, députée de la Seine-Maritime, Ensemble pour la République
15. Gilbert Bouchet, sénateur de la Drôme, Les Républicains
16. Franck Dhersin, sénateur du Nord, Union Centriste
17. Olivier Henno, sénateur du Nord, Union Centriste
18. Jean-François Longeot, sénateur du Doubs, Union Centriste
19. Denise Saint-Pé, sénatrice des Pyrénées-Atlantiques, Union Centriste
20. Eric Berlivet, maire de Roche-la-Molière, Horizons
21. Jean-Bernard Hetzel, maire de Bazemont, SE
22. Sandrine Berno dos Santos, maire de Poissy, Les Républicains
23. Régine François, maire de Goupillières, SE
24. Daniel Level, maire délégué de Fourqueux, Les Républicains
25. Michel Lan, maire de La Destrousse, SE-Divers Gauche
26. Raphaël Nivoit, maire de Gambais, Divers Droite
27. Stéphan Champagne, maire de Saint-Martin-la-Garenne, SE
28. Véronique Houllier, maire des Alluets-le-Roi, SE
29. Bertrand Coquart, conseiller départemental des Yvelines, Ensemble pour les Yvelines
30. Stéphanie Thieyre, conseillère départementale des Yvelines, Ensemble pour les Yvelines
31. Jean-Noël Amadei, maire adjoint du Pecq
32. Hatice Barre, conseillère municipale de Poissy
33. Christophe Bory, conseiller municipal de Fraisses.
34. Karine Conte, 1ère adjointe au maire de Poissy
35. Michèle Debuisser, conseillère municipale de Poissy
36. Gilles Djeyaramane, conseiller municipal de Poissy
37. Muriel Dorland, conseillère municipale d’Épinay-sur-Orge
38. Eric Frommweiler, conseiller municipal à Saint-Nom-la-Bretèche
39. Pascal Geffray, conseiller municipal de Poissy
40. Janick Gehin, conseillère municipale de Maisons-Laffitte
41. Christèle Grandin, adjointe au maire d’Orgeval
42. Jean-Marc Joussen, conseiller municipal de Poissy
43. Mickaël Littiere, conseiller municipal de Conflans-Sainte-Honorine,
44. Christophe Molinski, 1er adjoint au maire de Noisy-le-Roi
45. Karim Nourine, conseiller municipal de Chanteloup-les-Vignes
46. Patrice Pinard, maire adjoint Clichy-la-Garenne
47. Eric Roger, maire adjoint de Poissy
48. Gilles Schmidt, conseiller municipal et communautaire de Rambouillet
49. Marc Tourelle, maire de Noisy le Roi, UDI
50. Larissa Guillemet, conseillère municipale de Poissy
51. Jean-Jacques Nicot, maire adjoint à Poissy
52. Najat Zerhouni, conseillère municipale de Puteaux
53. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse
54. Violette Spillebout, députée du Nord, Renaissance
55. Agnès Firmin le Bodo, députée de Seine-Maritime, Horizons
56. Philippe Fait, député du Pas de Calais, Renaissance
57. Sonia Brau, maire de Saint Cyr l'école
58. Caroline Yadan, député