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L’État doit reconnaître les collectivités comme des partenaires majeurs

La crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales amplifient le constat amorcé par le mouvement des Gilets jaunes : il nous faut faire nation. Or les Français voient en leurs édiles les derniers fantassins de la République. L’État doit profiter du moment pour changer de culture et reconnaître les collectivités comme des partenaires majeurs. Il a commencé à le faire avec ‘Action cœur de ville’, programme national qui s’appuie sur des projets portés avec efficacité par les communes.

La preuve par l’exemple : à Poissy, nous avons ouvert un groupe scolaire dans un quartier populaire proche du centre hospitalier dès le 16 mars, veille de confinement, pour y accueillir les enfants du personnel soignant. Nous l’avons fait sans protocole sanitaire écrit : l’Administration ne l’avait pas encore conçu! Mais avec bon sens, en responsabilité et avec la validation collégiale du préfet et du directeur d’académie. Pas un incident, pas une contamination, et un engagement exemplaire de tous au service de nos enfants. Le 5 mai, le président de la République s’est déplacé à Poissy et a pu constater combien cela fonctionnait.

Répondons favorablement à nos concitoyens […] en créant le conseiller territorial, unique et identifiable

Dans le même état d’esprit, nous avons transformé une salle des fêtes en centre de consultations puis de dépistage en moins de vingt-quatre heures ; initiative simple, concrète et efficace d’un maire de terrain associé à un médecin généraliste.

C’est le sens de l’Histoire. L’État doit recentrer ses priorités et ajuster son architecture aux réalités d’une France décentralisée. Pour cela, il faut renforcer les libertés des maires, encourager leurs initiatives, stopper la prolifération et l’instabilité normatives qui polluent le quotidien.

Répondons favorablement à nos concitoyens qui demandent plus de clarté dans les institutions en créant le conseiller territorial, unique et identifiable, à la place des deux niveaux existants. Face à l’épidémie, nous avons vu des distributions de masques le matin dans un collège par un conseiller départemental et l’après-midi dans un lycée par un conseiller régional. Question de compétences. De tels exemples sont légion.

La métropole du Grand Paris est une coquille vide

Ce mandat territorial mutualisé répondrait à une exigence de simplification et de rationalisation, tout en renforçant la proximité à laquelle les Français sont attachés. L’idée n’est pas nouvelle, elle avait été initiée par Nicolas Sarkozy puis vite enterrée par François Hollande. Emmanuel Macron peut être celui qui osera la mettre en œuvre.

Cette réforme territoriale doit intégrer les métropoles régionales. On voit bien que la coexistence de la Région Île-de-France et de la métropole du Grand Paris (MGP) est absurde. Cette dernière est une coquille vide sans périmètre pertinent ni compétences stratégiques.

Composée des nouveaux conseillers territoriaux - moins nombreux -, conciliant la représentation démographique et celle des communes, l’institution métropolitaine serait compréhensible, cohérente et plus économe. Cela irait dans le sens de la nouvelle histoire de France. 

- Tribune publiée dans le Journal du Dimanche du 13 juin 2020